Notre démarche d'éleveurs de vins authentiques fait résistance...


[18/10/2007]

Chers amis des Vins Authentiques,

Les vendanges nous ont « happés » très tôt cette année. Fin août, les mises en bouteilles à peine achevées, nous devions déjà préparer la cueillette, commencée le 3 septembre et achevée le 5 octobre.

L’étonnante chaleur du mois d’Avril dernier fit pousser les vignes très rapidement. Elles fleurirent déjà fin Mai ! Les plus anciens vignerons de notre région n’ont jamais vu une telle précocité. D’ailleurs la mousson de septembre 2006 ou la canicule de l’été 2003 leur étaient également inconnues. Les chroniques des siècles passés relatent des situations extrêmes, très espacées dans le temps. Or nous avons vécu un condensat d’extrêmes en 5 années seulement (2003 à 2007). Le dérèglement climatique, auquel notre soif de vitesse et d’énergie fossile contribuent significativement, n’est pas un vague concept : nous le vivons dans notre travail.

Notre civilisation technicienne pose constamment la question : commentfaire plus vite et plus efficace ? Elle se demande plus rarement : pourquoi et dans l’intérêt de qui cette course ?

Le dogme de la productivité s’est infiltré partout. C’est en son nom que s’épandent les pesticides, qui dégradent le sol, l’eau et les aliments. Dans les vignobles « modernes », les herbicides économisent des heures de travaux. Les poisons phytosanitaires systémiques circulent dans la sève des vignes. La mécanisation extrême de toutes les tâches permet d’augmenter les surfaces « exploitées » sans apport de bras supplémentaires. Pour couronner le tout, la machine à vendanger gaule violemment les pieds pour en faire tomber les grains en bouillie. Ainsi les grappes ne sont plus touchées par une main d’Homme. Surtout ne pas perdre de temps à la vigne !

L’état d’esprit productiviste règne aussi dans les caves aux vinifications « modernes ». Les additifs œnologiques permettent de traiter plus de volume en moins de temps, de corriger les conséquences des erreurs à la vigne et des soupes obtenues par récolte mécanique. Les levures sélectionnées, proposées par dizaines aux viticulteurs en fonction des caractéristiques aromatiques qu’elles vont communiquer aux vins, sont réputées plus efficaces pour mener à bout les fermentations. L’œnologie propose les additifs (35 autorisés en vinification « moderne ») , les collages, les stabilisants, les assouplissants et la filtration stérile pour que les cuvées soient « apprêtées » rapidement. Surtoutne pas perdre de temps en cave !

Mais cette économie de Temps, d’Hommes et d’Humanité génère des problèmes sociaux, culturels, sanitaires et environnementaux sans fin.